RDC : Des investissements massifs dans le numérique

La République démocratique du Congo mobilise des milliards de dollars pour rattraper son retard numérique et de sa couverture mobile et Internet territorial.

Le Congo RDC espère devenir un hub technologique régional d’ici 2030.

La République démocratique du Congo (RDC) s’engage résolument dans la course à la transformation numérique en Afrique. Avec plus de 1,5 milliard de dollars d’investissements annoncés pour la période 2025-2030, le pays ambitionne de combler sa fracture numérique et de s’imposer comme un acteur stratégique du continent africain. Cette mobilisation financière sans précédent marque un tournant décisif pour un pays qui occupe actuellement la 179ème place sur 193 dans l’indice de développement de l’e-gouvernement des Nations unies.

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Lors du forum “DRC Digital Nation 2030” organisé en septembre 2024 à New York, le ministre de l’Économie numérique Augustin Kibassa Maliba a dévoilé un investissement historique d’un milliard de dollars américains financé sur fonds propres de l’État. Cette enveloppe budgétaire servira principalement à renforcer la connectivité à travers le territoire congolais, un défi colossal pour un pays dont le taux d’accès à Internet reste limité à environ 34% selon les statistiques officielles.

Le plan national de développement du numérique – Horizon 2030 s’articule autour de quatre axes stratégiques majeurs. Le développement des infrastructures constitue le pilier fondamental, accompagné de la mise en place d’un e-gouvernement moderne, du renforcement de la cybersécurité et de la formation aux compétences digitales. Une attention particulière sera portée à l’inclusion des jeunes et des femmes dans cette révolution numérique.

Au-delà des fonds nationaux, la RDC bénéficie d’un soutien international considérable. Plus de 500 millions de dollars ont été mobilisés par des partenaires internationaux, notamment la Banque mondiale et l’Agence française de développement, pour la période 2025-2029. La Banque mondiale avait déjà approuvé en 2022 un financement de 500 millions de dollars spécifiquement dédié au renforcement des transports et de la connectivité numérique.

En février 2025, la RDC a franchi une étape supplémentaire en signant un protocole d’accord avec l’entreprise indienne General Technologies India Private Limited. Cet accord prévoit un investissement colossal d’un milliard de dollars d’ici 2028 pour développer l’infrastructure numérique du pays. Le projet comprend la construction de trois centres de données de pointe, l’extension des réseaux 3G et 4G, ainsi que le déploiement ambitieux de 38 000 kilomètres de câbles à fibre optique.

La transformation numérique de la RDC passe par la modernisation de ses infrastructures technologiques. Le pays a déjà inauguré plusieurs centres de données stratégiques, dont le Raxio Data Centre à Kinshasa, une installation de 30 millions de dollars opérationnelle depuis 2024. Cette infrastructure de niveau Tier III, idéalement située le long des principales routes de fibre optique, symbolise l’engagement du pays envers l’excellence technologique.

La connectivité internationale constitue également une priorité. La RDC s’est connectée au câble sous-marin West African Cable System en 2013, un investissement de 600 millions de dollars qui a révolutionné la vitesse de connexion Internet dans le pays. Le gouvernement poursuit activement le développement d’un backbone national en fibre optique pour interconnecter l’ensemble du territoire.

Avec 59,7 millions d’abonnés à la téléphonie mobile et 30,7 millions d’abonnés à Internet mobile au 30 juin 2024, le marché RDC congolais des télécommunications affiche un dynamisme remarquable. Cette croissance attire l’attention d’investisseurs internationaux majeurs. La Société financière internationale (IFC) a déjà mobilisé 60 millions de dollars pour soutenir l’expansion des tours de télécommunications via Eastcastle Infrastructure, contribuant ainsi à améliorer la couverture réseau dans les zones rurales.

Malgré ces investissements considérables, la RDC doit relever plusieurs défis structurels. L’indice d’infrastructure télécoms attribué au pays par les Nations unies s’établit à seulement 0,1591 sur 1, bien en dessous de la moyenne africaine de 0,4247. Le coût d’accès aux services numériques reste prohibitif pour une large partie de la population, tandis que la qualité des infrastructures existantes nécessite des améliorations substantielles.

La gouvernance du secteur représente également un enjeu crucial. L’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC) travaille activement à établir un cadre réglementaire propice à l’innovation et aux investissements privés. La transparence dans l’attribution des licences et la gestion des projets d’infrastructure demeurent des priorités pour attirer durablement les capitaux étrangers.

Les projections économiques soutiennent l’optimisme des autorités congolaises. Selon les estimations de la GSMA, organisation internationale représentant les opérateurs de téléphonie mobile, la transformation numérique pourrait générer jusqu’à 4,1 milliards de dollars pour l’économie congolaise d’ici 2029. Cette manne financière potentielle justifie l’ampleur des investissements consentis et pourrait catalyser le développement économique du pays.

Le président Félix Tshisekedi a souligné lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies l’importance cruciale des partenariats multilatéraux pour soutenir la connectivité en Afrique. Cette vision s’inscrit dans une stratégie plus large visant à positionner la RDC comme un hub numérique régional, capable de rivaliser avec les leaders technologiques du continent.

La transformation numérique de la RDC dépasse les frontières nationales et s’inscrit dans une dynamique continentale. Avec sa position géographique stratégique au cœur de l’Afrique et ses ressources minérales essentielles à la fabrication des équipements technologiques, le pays dispose d’atouts uniques pour devenir un acteur incontournable de l’économie numérique africaine.

Le succès de cette ambitieuse transformation dépendra néanmoins de la capacité du gouvernement à traduire les annonces en réalisations concrètes, à maintenir une gouvernance transparente et à garantir l’accessibilité des services numériques pour l’ensemble de la population congolaise.

Éditeur : Bisatel télécom

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