Auto-entrepreneur dans les telecom
Le statut idéal pour vendre des forfaits mobiles en e-commerce ?
En partenariat avec Bisatel Telecom
Le marché français des télécommunications, longtemps dominé par quatre opérateurs historiques, s’ouvre progressivement à de nouveaux acteurs. Le statut d’auto-entrepreneur permet désormais à des particuliers de se lancer dans la vente de forfaits mobiles via le modèle MVNO en marque blanche. Décryptage d’une opportunité entrepreneuriale en pleine expansion.
Le marché des télécoms français : un secteur en mutationLe secteur des télécommunications en France représente un chiffre d’affaires annuel dépassant les 35 milliards d’euros selon les données publiées par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP). Si Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile captent l’essentiel du marché grand public, une évolution structurelle se dessine depuis plusieurs années : l’émergence des opérateurs mobiles virtuels, communément désignés par l’acronyme MVNO (Mobile Virtual Network Operator).
Ces opérateurs, qui ne possèdent pas d’infrastructure réseau propre, louent la capacité des réseaux existants pour commercialiser leurs propres offres. En France, on dénombre actuellement plus d’une trentaine de MVNO actifs, représentant collectivement environ 12 % du marché mobile selon les chiffres de l’ARCEP au quatrième trimestre 2024. Cette configuration ouvre des perspectives inédites pour les entrepreneurs souhaitant pénétrer ce secteur sans les investissements colossaux traditionnellement associés aux infrastructures télécoms.
Le statut d’auto-entrepreneur : cadre juridique et fiscalInstauré en 2009 et désormais intégré au régime de la micro-entreprise, le statut d’auto-entrepreneur constitue une porte d’entrée simplifiée vers l’entrepreneuriat. Les données de l’Union des auto-entrepreneurs (UAE) et de l’URSSAF révèlent que la France compte plus de 2,5 millions d’auto-entrepreneurs actifs en 2024, témoignant de l’attractivité de ce régime.
Les caractéristiques du régimePour les activités de vente de marchandises et assimilées, le plafond de chiffre d’affaires s’établit à 188 700 euros annuels en 2025. Pour les prestations de services relevant des bénéfices industriels et commerciaux (BIC), ce seuil est fixé à 77 700 euros. La vente de forfaits mobiles, considérée comme une activité de revente de services, relève généralement de cette seconde catégorie, bien que la qualification précise puisse varier selon la structuration de l’activité.
Le régime fiscal de la micro-entreprise prévoit un prélèvement libératoire optionnel de 1,7 % pour les activités de vente et 2,2 % pour les prestations de services, sous conditions de revenus. Les cotisations sociales s’élèvent respectivement à 12,3 % et 21,2 % du chiffre d’affaires, selon la nature de l’activité exercée. Ces taux, fixés par l’URSSAF, permettent une visibilité financière appréciable pour les créateurs d’entreprise.
Le modèle MVNO en marque blanche : fonctionnement et accessibilitéLe modèle de la marque blanche dans les télécommunications repose sur un principe éprouvé : un opérateur technique (MVNE ou MVNA) fournit l’ensemble de l’infrastructure, de la connectivité réseau aux systèmes de gestion, tandis que le revendeur se concentre sur la commercialisation sous sa propre identité. Cette architecture permet de dissocier les compétences techniques des compétences commerciales.
Concrètement, l’entrepreneur acquiert des services de connectivité à des tarifs de gros, généralement inférieurs de 20 à 30 % aux prix publics pratiqués sur le marché. Il définit ensuite sa propre grille tarifaire, son positionnement marketing et sa stratégie de distribution. Des structures spécialisées proposent un accompagnement e-commerce complet incluant la création de boutiques en ligne, la formation aux outils de gestion et le coaching commercial.
L’absence d’obligation de licence ARCEPPoint crucial pour les entrepreneurs individuels : la revente de services télécoms en marque blanche ne nécessite pas l’obtention d’une licence d’opérateur auprès de l’ARCEP. Cette autorisation, obligatoire pour les opérateurs exploitant directement des fréquences ou des infrastructures, représente un processus administratif complexe et coûteux. En optant pour le modèle de revente, l’auto-entrepreneur s’affranchit de cette contrainte réglementaire tout en bénéficiant d’un cadre juridique parfaitement légal.
L’ARCEP précise dans ses publications que les revendeurs de services télécoms sont soumis aux obligations générales du code de la consommation et aux règles applicables au commerce électronique, sans relever du régime spécifique des opérateurs de communications électroniques au sens du code des postes et des communications électroniques.
Avantages et limites du statut d’auto-entrepreneur pour cette activité Les atouts du régimeLa simplicité administrative constitue le premier avantage. L’immatriculation s’effectue en ligne via le guichet unique des formalités des entreprises, opérationnel depuis janvier 2023. Les obligations comptables se limitent à la tenue d’un livre des recettes et, le cas échéant, d’un registre des achats. La facturation obéit à des règles allégées, avec mention obligatoire de la franchise de TVA tant que les seuils ne sont pas dépassés.
L’absence de charges fixes représente un avantage déterminant pour le lancement d’activité. Les cotisations sociales étant calculées sur le chiffre d’affaires effectivement réalisé, l’entrepreneur ne supporte aucune charge en l’absence de ventes. Cette caractéristique permet de tester le marché sans engagement financier disproportionné.
Le cumul d’activités est également facilité. Un salarié peut créer son auto-entreprise pour développer une activité complémentaire dans les télécoms, sous réserve du respect des clauses de son contrat de travail. De même, un demandeur d’emploi peut bénéficier du maintien partiel de ses allocations tout en développant son projet entrepreneurial, conformément aux règles de l’Unédic.
Les contraintes à anticiperLe plafonnement du chiffre d’affaires impose une réflexion stratégique. À 77 700 euros pour les prestations de services, ce seuil peut être atteint relativement rapidement en cas de succès commercial. Le dépassement deux années consécutives entraîne le basculement vers le régime réel d’imposition, avec des obligations comptables et fiscales significativement plus lourdes.
La franchise de TVA, si elle simplifie la gestion, peut constituer un inconvénient dans certaines configurations. L’impossibilité de récupérer la TVA sur les achats peut grever la rentabilité lorsque les investissements initiaux sont significatifs. Pour les activités de revente de forfaits, cet impact reste toutefois limité puisque l’essentiel de l’activité repose sur des services dématérialisés.
La protection sociale, bien qu’améliorée ces dernières années, demeure moins favorable que celle des salariés. Les indemnités journalières en cas de maladie restent conditionnées à un chiffre d’affaires minimum et leur montant est plafonné. La constitution de droits à la retraite s’effectue également sur une base moins avantageuse.
Perspectives de développement et évolution vers d’autres statutsLe marché de l’eSIM constitue un axe de développement particulièrement prometteur. Selon les projections de la GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobiles, le nombre de connexions eSIM devrait atteindre 6,7 milliards à l’échelle mondiale d’ici 2030. En France, la généralisation de cette technologie ouvre de nouvelles opportunités commerciales, notamment pour les solutions SIM et eSIM internationales répondant aux besoins des voyageurs et des professionnels mobiles.
L’entrepreneur qui rencontre le succès pourra envisager une évolution statutaire. La création d’une SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) permet de dépasser les plafonds de l’auto-entreprise tout en conservant une structure unipersonnelle. Ce statut offre une protection du patrimoine personnel et une flexibilité dans l’organisation juridique et fiscale de l’activité.
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) constitue une alternative, avec un cadre juridique plus rigide mais des charges sociales potentiellement optimisées selon la stratégie de rémunération adoptée. Le choix entre ces structures dépend de multiples facteurs : niveau de chiffre d’affaires visé, stratégie patrimoniale, objectifs de développement à moyen terme.
Conclusion : un point d’entrée accessible vers l’entrepreneuriat télécomLe statut d’auto-entrepreneur apparaît comme un véhicule juridique pertinent pour amorcer une activité de revente de forfaits mobiles. Sa simplicité administrative, l’absence de charges fixes et la possibilité de cumuler cette activité avec un emploi salarié en font un outil de création d’entreprise particulièrement adapté à la phase de lancement et de validation du modèle économique.
Les limites inhérentes au régime, notamment le plafonnement du chiffre d’affaires et la protection sociale allégée, imposent néanmoins une réflexion prospective. L’entrepreneur avisé envisagera dès le départ les conditions d’une évolution vers un statut plus adapté en cas de croissance de l’activité.
Le secteur des télécommunications, en constante évolution technologique avec l’essor de la 5G, de l’eSIM et des objets connectés, offre des perspectives de développement significatives pour les entrepreneurs capables d’identifier et de servir des niches de marché spécifiques. Le modèle MVNO en marque blanche démocratise l’accès à ce secteur, permettant à des acteurs de taille modeste de se positionner sur des segments délaissés par les grands opérateurs.
Sources et référencesARCEP – Observatoire des marchés des communications électroniques en France, rapports trimestriels : www.arcep.fr
URSSAF – Taux de cotisations sociales des auto-entrepreneurs 2025 : www.urssaf.fr
Service-Public.fr – Régime de la micro-entreprise, plafonds et obligations : www.service-public.fr
GSMA – eSIM Market Report, projections mondiales : www.gsma.com
INSEE – Statistiques sur les créations d’entreprises et l’auto-entrepreneuriat : www.insee.fr
Guichet unique des formalités des entreprises – Portail officiel de création d’entreprise : formalites.entreprises.gouv.fr
Unédic – Règles de cumul allocations chômage et création d’entreprise : www.unedic.org
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