« Faute de maîtriser leurs consommations énergétiques, les entreprises perdent beaucoup d’argent »

Trois questions à… Frédéric Catherin, directeur associé de Factea Energy

Pour cause d’élections, on parle très peu de la probable augmentation des prix de l’énergie. Le réveil sera-t-il douloureux ?
Boulogne-Billancourt / Lyon, le 6 juin 2012. Il est fort à parier en effet que les prix de l’énergie vont augmenter dans les prochains mois, et ce même s’il faut distinguer les prix du gaz de ceux de l’électricité. Concernant le gaz, les prix se stabilisent sur le marché international voire régressent actuellement, principalement en raison de l’arrivée sur le marché de la production de gaz de schistes. Toutefois, à terme, cette situation ne devrait pas durer puisque les réserves ne sont pas inépuisables et que cette production de gaz de schistes suscite une polémique environnementale. De plus, certains pays comme la France ont toujours le prix du gaz en partie indexé sur celui du pétrole, ils sont donc moins sensible aux tensions mondiales de l’offre et de la demande. En revanche, concernant l’électricité, l’augmentation des prix paraît inéluctable. Si, grâce au nucléaire, le prix de l’électricité est actuellement en moyenne 30 % moins cher que chez nos voisins européens, la maintenance et les provisions pour le démantèlement du parc nucléaire français justifieront sans doute aux yeux d’EDF et de la CRE (Commission de régulation de l’énergie) une augmentation de plus de 10 % par an.

Quelles sont les conséquences pour les entreprises ?
Selon les secteurs, mais plus particulièrement dans l’industrie, l’énergie est l’un des principaux postes de dépenses. Une augmentation des prix de l’énergie a donc des conséquences extrêmement importantes sur les coûts d’exploitation des entreprises, et donc sur leurs marges. Une situation d’autant plus préoccupante que la plupart d’entre elles n’ont pas de responsable dédié à la maîtrise de l’énergie. Et pour cause. Pendant des années, les prix étaient fixes et les marchés monopolistiques. Le dossier revient le plus souvent au responsable de la production ou de la maintenance qui, par définition, est plus sensible au bon fonctionnement de son outil de production qu’à la maitrise de la consommation énergétique en tant que telle.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de bonnes pratiques pour mieux maîtriser justement sa consommation énergétique ?
Tout d’abord, les entreprises doivent impérativement ajuster leur consommation énergétique au juste nécessaire. Par exemple, dans l’industrie plastique, on constate souvent que 80 % des compresseurs d’air nécessaires au bon fonctionnement des outils de production fonctionnent continuellement à plein régime puisqu’ils sont simplement munis d’un bouton on/off. En installant un régulateur de puissance sur leurs machines, ces entreprises pourraient adapter leur consommation énergétique en fonction de leur réel besoin. La rentabilité est alors immédiate. D’autre part, on constate qu’il y a énormément de pertes énergétiques. Par exemple, dans l’industrie, la récupération de la chaleur des outils de production permet de chauffer ou de préchauffer de l’air ou des fluides, et ce parfois très simplement. Le tertiaire lui peut être concerné par la mise en place de ventilation double flux afin de réduire les dépenses de chauffage. Malheureusement, ces solutions ne sont pas systématiquement envisagées. Et les entreprises perdent alors beaucoup d’argent.

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