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Date Communiqué de Presse : 13 mars 2009

Communiqué de presse
Quatorze récits, quatorze fragments de vies qui tous
racontent avec gravité ou légèreté, avec noirceur ou
dérision, le moment où tout bascule au sein d’une
existence.
C’est un deuil qui frappe ou une rencontre qui rend
fou ; c’est une découverte qui bouleverse ou une
vengeance qui condamne ; c’est un aveu qui se fait ou un
secret qui se révèle.
Et, dans tous les cas, c’est l’instant à la fois banal et
extraordinaire où le meilleur devient, irrémédiablement, le
pire.
Les Éditions DEMETER
13, rue de la Lionne 45000 Orléans. Tél : 0238545165 – fax : 0238545176
titre : Et pour le pire – Fragments de vies
auteur : Franck Bellucci
collection : Lettrine
prix ttc : 15 euros
date de parution : février 2009
thème : Nouvelles
format : 138 X 204
LE LIVRE
Franck Bellucci
Et pour le pire
Fragments de vie
Nouvelles
L’AUTEUR
Franck Bellucci est professeur de lettres. Il vit, enseigne et écrit près d’Orléans. Il a déjà publié
plusieurs travaux universitaires et un roman Ce silence-là (Éditions Demeter).
Extrait
« Monstre »
« La vie, perdue dans la faute,se retrouve dans l’expiation. »André Suarès, Trois Hommes.
Non, je n’ai pas de scrupules. Pas le moindre scrupule. Bien au contraire. Je savoure l’idée délicieuse de faire le mal, de te rendre malheureux, de t’inoculer le poison de la souffrance. Pas de projet plus excitant que celui de te détruire à petits feux. Longtemps, je me suis préparée à cette entreprise et aujourd’hui,
enfin, je la réalise. Je ne te demande pas de m’excuser ; je suis inexcusable. Je ne te prie pas davantage de m’accorder ton pardon ; je suis impardonnable. Et d’ailleurs, on ne pardonne pas à ceux et celles qui répandent le remords, la peur et la haine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est bien cela que tu vas connaître : le remords, dont tu resteras l’esclave ; la peur, une extraordinaire peur qui, petit à petit, t’enlaidira, fera de toi une ombre, un fantôme errant, un spectre abject ; et la haine, la grande haine, de celles qui demeurent tapies au fond du coeur, dans l’âme aussi, de celles qui circulent en permanence à travers toutes les
veines et les artères.
Par avance, je me délecte à imaginer ton corps pétrifié, ta triste mine, ta face livide, tes yeux hagards et épouvantés. Je me représente ta bouche grimaçante, ta silhouette voûtée, tes mains contorsionnées. Je me réjouis, ô suprême plaisir, à concevoir l’affolement qui sera tien lorsque tu me découvriras, lorsque ton
regard ne pourra plus se détourner du spectacle que je t’ai minutieusement préparé.
Désormais, la bête immonde ne te lâchera plus. Elle te poursuivra, t’accompagnera, partout, tout le temps, prédateur invisible, impalpable, mais auquel nul ne peut arracher sa proie. Ses mâchoires t’attraperont et sur toi elles se refermeront de toute leur puissance. Pour te dévorer. Mais, il te faudra du temps pour identifier l’ennemi, pour savoir quelle est sa race, pour comprendre d’où il vient. Il te faudra du temps pour admettre qu’il est inutile, totalement inutile mon cher, de chercher à fuir un tel adversaire, parce que c’est en toi, exclusivement en toi, qu’il puisera sa force, qu’il se ressourcera sans cesse. Il se
nourrira de toi. Il vivra en toi et contre lui, tu seras impuissant. Tu ne pourras que mesurer la progression de sa voracité, l’accroissement de sa tyrannie. Et tu ne pourras aussi que constater que ton visage se creuse, que tes cernes s’accentuent, que ta physionomie que je trouvais autrefois belle et élégante a
perdu toute lumière et humanité.
Tu ne connaîtras plus que le clair-obscur ; alors que tes nuits seront blanches, tes journées, interminables, épuisantes, resteront sous l’entière, sous l’exclusive domination de l’ombre.
Oui, je suis un monstre. Je l’admets. J’en ai une pleine, une exquise conscience. Je suis un monstre et je veux l’être. Je revendique ce dernier droit, le droit d’être ton monstre, rien que le tien, pour l’éternité………………………………